Hommage des classes « Défense » du lycée aux anciens de Barral, morts pour la France !
13 novembre 2020Le mardi10 novembre 2020, comme chaque année, les classes défenses de 2nde et de 1ere se sont retrouvées devant la plaque des anciens élèves de Barral, morts pour la France lors de la Grande Guerre.
Les 66 élèves des deux classes défense ont rendu un hommage appuyé à leurs anciens, et plus largement à tous les soldats de toutes les guerres, tombés au Champ d’honneur, entourés du piquet d’honneur du 8 e RPIMa, et de son Chef de Corps, le Colonel Prod’homme. Elèves et soldats, s’unirent dans un même élan pour commémorer le sacrifice de ceux qui, sans compter, se sacrifièrent pour la Patrie et continuent aujourd’hui à se mettre au service de la France et de sa population.
Les élèves avaient fait des recherches, lors de séances d’enseignement défense, et avaient choisi les textes qu’ils souhaitaient lire pour leur hommage aux héros de 14, mais aussi à ceux de la résistance et jusqu’à ceux de Barkhane.
Malgré leur masque, obligatoire dans notre enceinte scolaire, les dix jeunes lecteurs ont trouvé la force de clamer avec vigueur le discours façonné par leur professeur, Valérie Pietravalle, pour faire du lien entre tous les documents qu’ils avaient sélectionnés.
Ils ont commencé par rappeler que, le 11 novembre 1920, il y a cent ans, un soldat inconnu achevait le long périple l’amenant du champ de bataille, sur lequel il est tombé, à l’Arc de Triomphe. Ce soldat, anonyme, mort sur un des champs de bataille de la terrible Grande Guerre représentait tous les soldats morts au cours de ce conflit. Aujourd’hui, il représente tous ceux qui sont morts pour défendre notre Patrie : la France. Par-delà les combattants, le soldat inconnu représente aussi les familles qui ont sacrifié un fils, un père, un neveu. Les élèves, très émus, ont alors lu leur premier choix : l’extrait de
la lettre de Charles Guinant à sa femme qui rappelle le sacrifice de toute une génération au service de la France. Verdun, le 18 MARS 1916, « Ma chérie, Je t’écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S’il te plaît, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m’a coûté mon pied gauche et ma blessure s’est infectée. Les médecins disent qu’il ne me reste que quelques jours à vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-être déjà mort. Je vais te raconter comment j’ai été blessé. (…) Au début, nous étions vingt mille. Après avoir passé les barbelés, nous n’étions plus que quinze mille environ. C’est à ce moment-là que je fus touché. Un obus tomba pas très loin de moi et un morceau m’arracha le pied gauche. Je perdis connaissance et je ne me réveillai qu’un jour plus tard, dans une tente d’infirmerie. Plus tard, j’appris que parmi les vingt mille soldats qui étaient partis à l’assaut, seuls cinq mille avaient pu survivre grâce à un repli demandé par le Général Pétain. Dans ta dernière lettre, tu m’as dit que tu étais enceinte depuis ma permission d’il y a deux mois. Quand notre enfant naîtra, tu lui diras que son père est mort en héros pour la France (…)»
Par-delà les familles, ont-ils rappelés, le soldat inconnu représente une civilisation. La nôtre, celle qui affirme que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit. Celle qui défend les mots « liberté, égalité, fraternité » nés de la révolution et incarnés dans notre drapeau.
Le lien entre hier et aujourd’hui, entre la simple commémoration et notre actualité s’est rapidement imposé. En effet, alors que nos valeurs sont actuellement menacées, chacun d’entre nous a le devoir impératif de se montrer digne de ceux qui ont défendu la France au prix de leur vie hier, lors de la Grande Guerre ou lors de la 2nde guerre mondiale. Le combat est le même, maintenant, sur tous nos théâtres d’opérations extérieures, et même sur le territoire national, où la guerre prend le visage du terrorisme islamiste qui décapite un professeur parce qu’il éclaire les esprits de ses élèves ou qui massacre des fidèles dans leur Eglise parce qu’ils représentent les mécréants qu’ils vomissent.
« Résister à l’oppression est un devoir civique » affirmait la résistante française Yvette Lundy. Cette phrase les a fait beaucoup réfléchir : Ils ont donc cherché qui était cette résistante qui fut déportée dans le camp de concentration nazi de Ravensbrück. Institutrice à Gionges, un village viticole près d’Epernay elle intégra le réseau de résistance Possum. Le 19 juin 1944, la Gestapo vint l’arrêter pendant sa classe et elle fut déportée pour acte de résistance. Le nouveau nazisme est cette idéologie politique que l’on nomme « islamisme » et il menace l’équilibre de notre démocratie, alimentant le risque d’une guerre civile. André Comte Sponville affirme que « ce ne sont pas les valeurs qui font défaut, mais la capacité de les vivre ». Pour les vivre il faut les faire aimer, les enseigner et les défendre. « L’important est de maintenir des oasis de résistance où sauvegarder nos valeurs. L’humanité, la fraternité, voilà ce qu’il faut sauver envers et contre tout », rappelle le philosophe Edgar Morin. Mais ce sauvetage ne peut se faire avec des compromissions et des soumissions à des principes qui veulent changer notre république et notre démocratie. Contre la tentation de la faiblesse, il faudra retrouver la force de ceux de 14, le courage des résistants ! et l’amour de notre pays, de notre patrie, en sera le ferment.
Les élèves ont alors lu l’émouvante lettre d’adieu de Henri Fertet, résistant de 16 ans fusillé en 1943, pour illustrer ce courage nécessaire à tout engagement :
« Chers parents, ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, par amour pour moi. Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, [ce] que j’ai souffert de ne plus vous voir […]Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première Nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. […] Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai « Sambre et Meuse » parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a appris […] Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille. Papa, je t’en supplie, prie, songe que si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable ? Je meurs volontairement pour ma patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les 4 au ciel. Qu’est-ce que cent ans ? […]Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir. Mille baisers. Vive la France. Un condamné à mort de 16 ans. » Ce jeune homme, qui avait notre âge, ont-ils rajouté, s’est battu contre l’idéologie nazie qui représentait alors la mort de notre liberté. Aujourd’hui ce nazisme prend la forme de l’islamisme, vérifiant le sinistre propos de Berthold Brecht : « le ventre est encore chaud d’où est sortie la bête immonde ». La bête immonde tue et détruit au nom de l’idéologie islamiste.
Après les récents attentats qui ont tué un professeur et des chrétiens, le Général Pierre de Villiers dans un long entretien à la presse explique : «
C’est une attaque à l’existence même de notre nation, de notre civilisation. Seule la force fait reculer la violence. Le combat sera long. Encore faut-il le mener en acte. (…) Nos soldats, marins et aviateurs contribuent à cette défense de l’avant, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Ils méritent aussi d’en être remerciés. Cette guerre est mondiale. Elle vise la France prioritairement. Plus que jamais, nous devons retrouver notre unité et nous réconcilier, au-delà de nos diversités. L’amour de la France est notre
espérance. Clémenceau avait cette belle phrase : « ne réussissent que ceux qui osent oser ». Il est temps d’oser des mesures fortes dans la durée.(…)» Pour Le général de Villiers il faut faire France avec tous ses fils et filles qu’elle que soit leur religion et leurs différences et pour cela il faut mettre en avant les héros qui se battent en son nom.
Dans ce combat contre l’hydre islamique et contre tous ceux qui menacent notre modèle, nos soldats sont en première ligne, mais ils doivent sentir que les enfants de France les soutiennent, et ce poème anonyme, rédigé après la mort de 13 de nos soldats de l’opération Barkhane, le 25 novembre 2019, vient souligner l’immensité du don qu’ils font pour notre Patrie et pour protéger ses citoyens :
Ce soir en lettres de souffrance …
Ce soir le nom de France, En lettre de souffrance,
S’écrit.
Ce soir le nom de France S’épanche en silence,
Sans cris.
Que tous les civils me pardonnent Mais quand les militaires donnent Leur Vie
Qu’ils soient de camps, de vaisseaux, d’avions ou d’armes Qui mieux que leurs frères
Pour connaître, si fière,
La profondeur de leur Don Sous
les armes.
Dans des fauteuils de cuir ou couverts de velours Combien de beaux parleurs et autres troubadours Sauront gloser longtemps,
Enfin un certain temps Et se tairont ensuite
Plus vite
Qu’un déserteur en fuite. Et des soldats mourront Dans l’indifférence du Don
De leur Vie.
Quand j’écris dans ces lignes
Les mots d’ « Honneur » et de « Patrie » Et quand je compte aussi
Les lettres qui les composent Ces mots
J’en compte treize Honneur Patrie.
Vous êtes treize aussi !
Ce soir chacun dans notre France Devrait pleurer un Fils
Et dans son cœur qui bat Honorer le combat
De cette jeune Élite
Dont la mémoire est désormais inscrite Au plus haut Panthéon Des soldats qui font Don Qui font le DON de leur vie.
Ce poème, trouvé par les élèves, résonne avec celui de Victor Hugo qui en son temps déjà chantait les vertus du sacrifice pour une cause noble et juste et ils en ont retenu les vers les plus forts :
« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie.
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau. Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère ; Et, comme ferait une mère,
La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau ! Gloire à notre France éternelle !
Gloire à ceux qui sont morts pour elle ! Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts ! À ceux qu’enflamme leur exemple,
Qui veulent place dans le temple,
Et qui mourront comme ils sont morts ! (…)
Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe, En vain l’oubli, nuit sombre où va tout ce qui tombe,
Passe sur leur sépulcre où nous nous inclinons ; Chaque jour, pour eux seuls se levant plus fidèle, La gloire, aube toujours nouvelle,
Fait luire leur mémoire et redore leurs noms ! »
Ces noms égrenés sur la plaque de marbre qui trône à l’entrée de Barral sont honorés, comme chaque année, malgré les conditions sanitaires actuellement difficiles. Et l’association des Anciens de Barral, représentée par son Président Jean Pierre Molinier, était présente, malgré son absence, dans nos cœurs et sur le ruban de la gerbe déposée par les élèves.
Enfin pour conclure cet hommage aux morts d’hier et d’aujourd’hui, cet hommage aux soldats qui font le sacrifice suprême pour nos valeurs et notre Patrie, pour que vive notre pays sans risque d’être soumis, les vers de l’aspirant Frison Roches leur ont semblé des plus adaptés. Le Capitaine Clément Frison-Roche, neveu éloigné de l’écrivain Roger Frison-Roche, avait écrit en 2014, ce poème bouleversant, qui avait été publié dans la revue de Sain-Cyr.
Pour que vive la France
« Ainsi, toujours poussés vers une étrange quête Nos pères s’en allaient-ils bravant la destinée, Tantôt l’air abattu par le poids des conquêtes, Tantôt l’air guilleret de leurs jeunes années.
Sur les champs de bataille, côtoyant la laideur, Ils connaissaient la vie et ses plus tristes heures. Pas un ne regrettait mais tous avaient au cœur Ce que signifiait mourir au champ d’honneur.
Du plateau de Pratzen où la brume se fane,
Des tranchées de Verdun aux rizières du Tonquin, Par-delà le Djebel et les vallées afghanes,
La souffrance et la peur étaient leur
quotidien.
Mais pour que vive la France et la gloire de son nom, Ils portèrent au front son prestigieux emblème,
Et subissant l’affront jusqu’à celui suprême,
Ils tombèrent en héros sous le feu des canons.
Les yeux levés au ciel implorant le pardon,
Leurs corps meurtris exhibait une douleur extrême, Et dans l’ultime soupir sur leurs visages blêmes, Leurs lèvres murmuraient ce cantique moribond:
« Oh tendre France, douce gardienne de mon baptême, Prenez ici ma vie, je vous en fais le don,
Veillez sur ma famille et tous les gens que j’aime, Et rendez je vous prie mon sacrifice fécond… »
Toi France, ingrate mère à la parure ternie, Laisseras-tu leurs cris se perdre dans la nuit ? Ils t’ont donné leur cœur, ils t’ont donné leur vie, N’est-ce pas révoltant que nul ne les envie ?
À tes illustres fils tombés pour la patrie, Plutôt que souvenir tu préfères l’oubli,
À tes jeunes enfants disparus aujourd’hui, Plutôt que bienveillance tu préfères le mépris.
Qu’adviendra-t-il de nous ta jeune génération ? Parmi les injustices de tes institutions,
Et le désintérêt de ta population,
Ne saurons-nous jamais où part ton attention ?
Quel sort réserves-tu à ceux qui serviront ?
Nulles considérations, seules quelques concessions ! Pourtant tu le sais bien, nous qui te chérissons,
Nous ne demandons rien qu’un peu de compassion !
Et s’il m’advenait un jour de périr en ton nom, Ce serait avec foi mais non sans une question, Pour que revive France et la gloire de son nom, Je te lancerais sans haine ce dernier affront,
Tandis que mon chant du cygne, funeste merveille, Pareil au flot gémissant de mon sang vermeil,
Fera couler ces mots aux milles résonances :
« France, ma France, qu’as-tu fait de ta reconnaissance ? »
Nous ne sommes pas toute la France, ont-ils conclu à l’unisson, nous n’en sommes qu’une partie, mais nous n’oublierons pas ni les soldats de 14, ni ceux de la résistance, ni tous ceux qui sont morts pour nos belles valeurs, sous tous les cieux du monde et tout au long de ce siècle qui était censé nous offrir la paix.
Après cette longue lecture, les élèves ont épinglé des bleuets sur l’uniforme de chaque soldat, geste symbolique de partage d’un même moment de communion et de solennité.
Le Colonel Prod’homme s’est ensuite adressé aux élèves pour saluer leur engagement et les encourager dans leur démarche citoyenne.
Le chef de Corps du 8 leur a rappelé l’importance de connaître son histoire quelle soit heureuse ou plus douloureuse, sans déformation et sans compromission. Son discours à la fois énergique et courageux a souligné l’importance que chacun doit accorder à l’amour de sa Patrie, la « terre de nos Pères » a-t-il précisé. Il a enfin contextualisé les combats d’aujourd’hui en évoquant les tensions internationales qui rendent le travail de notre Armée plus compliqué et plus exigeant encore. Nos soldats protègent notre pays et sa population non seulement à l’extérieur face à des puissances à l’hégémonie menaçante, mais aussi à l’intérieur en luttant contre le terrorisme islamiste qui, ces derniers temps, a frappé l’Ecole à travers la figure du professeur Samuel Paty décapité pour avoir fait son travail : éclairer les esprits et transmettre la connaissance. Ils méritent donc notre reconnaissance et ils doivent sentir autour d’eux le soutien complet de la population car eux ont « fait le choix d’accepter de pouvoir mourir pour que les autres puissent vivre ». Tel est l’engagement du soldat et il est peut-être encore plus fort au 8 dont la devise « volontaire » réaffirme la puissance de ce choix. La sonnerie aux morts qui a suivi a prolongé l’échos de ces deux discours et l’hommage solennel s’est imprimé dans un silence puissant. La Marseillaise retentissant pour clore la cérémonie a réaffirmé l’unité de tous, élèves, professeurs et soldats, autour de nos valeurs et de notre drapeau.
Les classes d’enseignement défense et leur professeur Valérie Pietravalle, le 10 novembre 2020, qui remercient l’ONAC, la France Mutualiste et la DPMA qui par leurs subventions ont permis l’achat des bleuets pour tous et la réalisation, en cours, d’un film qui illustrera le travail annuel autour du lien Armée Nation qu’il est de plus en plus nécessaire de solidifier pour affronter les périls qui menacent notre pays . Ce film sera le résultat à la fois d’un travail de mémoire et d’un travail d’histoire.
VALERIE PIETRAVALLE
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