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Enseignement Défense : Lien armée nation conférence du Général Réglat, ancien Chef de Corps du 8e RPIMa
26 avril 2021
les classes d’enseignement défense de Barral ont eu la chance d’assister à une conférence du Général Claude Réglat, président de l’amicale du 8ème RPIMa, venu pour illustrer notre réflexion autour du lien Armée-Nation. En effet, Chef de Corps du « 8 » de 1995 à 1997 il a œuvré en son temps pour raffermir les relations unissant l’institution militaire aux décideurs de la société civile. Il a commencé son exposé en revenant sur les définitions de l’armée, de la Nation, de la République, et de l’État, mais aussi de peuple et de Patrie. Ses explications claires et inspirées nous ont permis de mieux saisir ce que nous avions parfois abordé en classe sans en appréhender vraiment le sens.
Qu’est-ce qu’une
armée ? a-t-il demandé au groupe. Comme nous osions à peine répondre, il a donc précisé : c’est un outil de protection de la nation
qui porte la force mais légalement. C’est une
force légitime : le soldat exerce une force légitime et légale. Et il a fait le
parallèle avec la police expliquant
que la violence policière est aussi légitime et conforme aux règles fixées par la loi quand elle doit s’exercer. Il a
ainsi rappelé que si certains manifestants au cours de mouvements violents étaient blessés, beaucoup de policiers
étaient blessés également mais on en parlait
beaucoup moins.
Le
second mot qu’il a défini est le terme Nation. Qu’est-ce qu’une nation ? la
définition est complexe et importante
et elle diffère selon les pays. En France, nous pensons qu’une nation c’est un peuple ou un groupe de personnes. Ils ont le sentiment d’une appartenance commune
fondée par une histoire commune,
une langue commune
et ils sont unis par la volonté
de vivre ensemble. Le Général a rappelé la définition de Renan, que
notre professeur nous cite régulièrement
: « qu’importe la religion, l’origine … la nation est un plébiscite de tous les jours ».
Quant à la République, c’est un système politique qui assure en France le fonctionnement de la nation. Mais République n’est pas synonyme de démocratie (ex : Iran, Corée du Nord…) et toutes les démocraties ne sont pas des républiques (ex : l’Espagne, l’Angleterre…) . Les définitions se sont poursuivies en début de conférence afin que tout soit bien clair pour nous. La suivante était l’État. « L’État est un outil de fonctionnement de la politique. C’est un gouvernement » a-t-il schématisé.
La Patrie ? Vient
de « pater » : c’est
la terre de nos ancêtres,
de nos pères.
Enfin le Général a « bouclé la boucle » comme on dit familièrement en revenant à l’armée :
« l’armée est une émanation de la nation et sa légitimité est entre les mains de la nation ». Quand les armées ont été professionnalisées il y a eu une crainte de rompre le lien armée nation. Le service militaire était fait pour aller à la guerre. Mais après la disparition du bloc de l’est, cette nécessité a semblé moins éminente d’autant que les garçons étaient ceux qui devaient s’y plier, et on n’arrivait pas à incorporer une classe d’âge complète car seuls 15% de la société le faisait. De plus ces appelés étaient plutôt là pour assurer protection du territoire national. Mais on ne pouvait pas les projeter à l’étranger.
Avec
le Président Chirac, la décision a été prise de suspendre ce service national
qui semblait devenu moins essentiel à notre politique. L’armée s’est professionnalisée et c‘est là que certains
ont craint que le lien armée-nation ne se soit rompu. Or un engagé est
aussi un membre de la société française. Donc le lien armée-nation a résisté et l’armée doit pouvoir sentir
sa légitimité dans la population. C’est pourquoi il
faut cultiver « l’esprit de défense » auprès de chaque citoyen et cela doit commencer quand on est jeune.
Le Général
Réglat nous a listé, alors,
tous ceux qui, au quotidien, maintiennent vivant cet esprit de défense. Les acteurs se retrouvent à toutes les échelles de la nation :
ainsi les correspondants défense dans les mairies. Par exemple à Castres, c’est Monsieur White
ancien lieutenant-colonel de gendarmerie. Il y a aussi les
conseillers défense auprès du préfet : c’est le DMD (Délégué Militaire Départemental). Pour nous, c’est
le Chef de Corps du 8e RPIMa donc actuellement le Colonel Prod’homme, qui dispose d’un adjoint à Albi, préfecture du Tarn.
Le Trinôme
académique joue aussi un rôle important dans le maintien
de cet esprit de défense
: Ce trinôme est composé d’un
représentant de l’éducation nationale, un de l’armée et un de l’IHEDN
(l’Institut des Hautes études de la
Défense Nationale).
Une
« réserve citoyenne » et opérationnelle existe aussi. La réserve citoyenne, ce
sont des élus, des gens ayant une
influence, qui ont un grade fictif dans la société civile et ils ont la charge morale de faire vivre l’esprit de défense.
C’est différent de la « réserve opérationnelle » c’est- à-dire des civils
qui font des exercices militaires au régiment et sont prêts
à remplir des missions. Ainsi, ils sont intégrés aujourd’hui à
l’opération Sentinelle (à peu près 35 000 hommes et femmes). Ces réservistes sont porteurs de l’esprit de défense.
Enfin,
les entreprises sont aussi des vecteurs de défense, et y compris les CDSG
(Classes défense et sécurité Globale)
comme les nôtres,
ou celles qui ont été créées dans toute la France. L’opération « des colis de Noël pour nos soldats » que les élèves de Barral ont organisé avec la participation active des commerçants de
Castres va dans le même sens de la solidification des liens armée-nation et de l’entretien de l’esprit de défense tout en mettant
en lumière la solidarité qui unit
la ville à son régiment.
Le
Général Réglat, a alors cité St Exupery pour souligner la noble mission du
militaire engagé pour son pays : « le soldat n’est
pas un homme de violence.
Il porte les armes et il risque
sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est
d’aller sans faillir jusqu’au bout de sa parole tout
en sachant qu’il est voué à l’oubli.
»
La professionnalisation de l’armée repose sur plusieurs
points :
1/ le partage d’une vision
commune
2/ la capacité à financer cette armée car c’est
coûteux (2% du PIB)
3/
il faut recruter des hommes et des femmes de qualité. Armée
de terre recrute
20 mille soldats
par an.
4/ il faut enfin le soutien
d’une population convaincue que l’armée assurera
sa protection.
Dans
la deuxième partie de son exposé, le Général s’est focalisé sur le lien
armée-nation dans notre bonne
ville de Castres.
Il a détaillé les épisodes
qui ont conduit au parrainage du « 8 » par la ville,
avec le soutien du Maire de l’époque
Arnaud Mandement. L’opération, hors du commun,
a pu aboutir grâce à l’obstination du Général Réglat, quand il était
Chef de Corps du régiment des paras, installé à Castres depuis 1963.
Le « 8 » est un régiment de paras, d’engagés et le
recrutement est national. Donc les paras s’installent à Castres « avec armes et bagages
et famille » quand ils intègrent les « volontaires » du 8, ou alors ils s’enracinent à Castres en créant leur propre famille
avec une jeune fille du cru. Le conférencier a d’abord rappelé
le contexte ayant présidé à la naissance
de ce parrainage : en 1995, le 8 revenait d’OPEX en République
Centre Africaine, et en janvier le Chef de corps comme chaque année devait présenter ses vœux et ceux du régiment à la ville.
Il a alors expliqué au Maire que pour lui le 8 était comme «
un vaisseau » qui portait les couleurs de la France au service du pays. Mais pendant ces Opex les soldats laissaient
leurs familles ici. Or ils avaient besoin
de savoir que les familles seraient soutenues par leur ville d’adoption, leur «
port d’attache ». Il a alors eu
l’idée de proposer au Maire de faire comme cela se pratique dans la Marine
nationale, où il y a des villes,
marraines des bateaux.
Son idée, complètement novatrice et même «
révolutionnaire », car cela n’existait pas en dehors de la marine, consistait
donc à faire en sorte que la ville de
Castres devienne la « marraine » du « 8 ». Le Maire Arnaud Mandement
trouva l’idée non seulement originale
mais aussi très séduisante et porteuse de sens et les deux, le Chef du « 8 », Claude
Réglat et le Maire, décidèrent de donner vie à ce beau projet. Malgré les nombreux obstacles, tant dans la hiérarchie militaire, qu’auprès des associations des villes marraines, ils s’accrochèrent à leur
projet et le réalisèrent.
En juillet 1997 : le maire de Castres reçut donc officiellement la copie du drapeau du régiment, qui est toujours, aujourd’hui, dans la salle du conseil municipal, et le fanion du maire, de la ville de Castres fut remis au Chef de Corps, et il trône toujours au régiment ! Pour parachever le parrainage, le Général fit adopter le blason de la ville « Castres Debout » sur les tenues militaires des paras. C’était le seul régiment de l’Armée de Terre qui portait ainsi les armes de la ville ! Le « 8 » n’avait pas eu de garnison jusque-là. En 1961 il avait été reçu à Nancy et en 1963, transplanté à Castres. Désormais, par ce geste hautement symbolique il s’ancrait dans sa ville . Depuis
plusieurs projets ont été menés ensemble : le soutien logistique de la ronde
givrée par exemple. En retour,
la ville a recruté des anciens
paras. Ainsi par exemple 80 % des effectifs de la police
municipale sont des anciens
du « 8 ».
Ce
lien charnel entre le 8 et sa ville s’est concrétisé tragiquement en 2008 après
l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan qui se solda par la perte de huit soldats
du régiment. Cela a encore
plus resserré les liens entre la population et la ville car le deuil a touché tout
le monde.
L’opération
le « 8 dans sa ville » a concrétisé ce lien encore récemment, en septembre 2020 lorsque
les soldats ont investi la ville pour montrer à sa population ce qu’ils savaient
faire et les Castrais
ont beaucoup apprécié, tant le saut en parachute, que le hakka des paras ou
encore le paras night run, même si le temps n’était
pas de la partie : course y compris
pour les enfants
de la ville !
Les photos parlent d’elles-mêmes, soulignant l’osmose
entre la population et le régiment lors de cette
journée de septembre 2020.
Cette année, le parrainage
a, enfin, été reconnu officiellement par le Chef d’Etat-major de l’Armée de Terre, et les hommes du « 8 »
qui arboraient le blason de la ville sur leur uniforme sans autorisation
réelle ont désormais l’assentiment des autorités.
La conclusion du Général Réglat, maître d’œuvre, avec le maire Arnaud Mandement, de ce beau projet qui donne du sens au lien armée- Nation, est revenue à l’histoire. « Castres », a-t-il rappelé, « renoue avec ses origines. Car le nom même de la ville Castres, renvoie à un camp fortifié au temps des gallo-romains. Elle a été, dans le passé, une ville de garnison avec jusqu’à cinq régiments et surtout des chevaux d’où le parc à fourrage (devenu parc des expositions) et la salle Gérard Philippe c’était le manège … donc Castres et l’armée c’est une longue histoire. » Avant cela nous, élèves et jeunes castrais, n’en avions pas vraiment conscience pourtant, c’est bien ce lien, qui, chaque jour nous permet de vivre avec notre prochain au sein de cette Nation qu’est la nôtre.
Récit de Natacha Prat et Iliona N’diaye, élèves des classes défense de 2nde de Barral
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