La campagne d’inscriptions pour les nouveaux élèves, rentrée scolaire 2025-26, ouvre le lundi 4 novembre 2024, alors n’attendez pas et cliquez sur le lien suivant : http://www.barralcastres.org/inscriptions/
Conférence du Général ARAGONES sur « l’Armée de Terre et ses soldats »
9 novembre 2021
Mardi 5 octobre, les lycéens (2nde et 1ère) faisant partie du dispositif d’Enseignement Défense, ont eu l’opportunité d’écouter l’intervention du Général Jacques ARAGONES, ancien Chef de Corps du 8e RPIMa (2007-2009). Avant d’être Chef de Corps, il a été lieutenant de 1988 à 1991 puis il est revenu de 2002 à 2004. Enfin, il est devenu Colonel pour prendre l’intégrale responsabilité de l’unité marraine de Castres, le 8e RPIMa. Pour des raisons personnelles, Jacques ARAGONES a quitté l’armée en 2018 et il est maintenant à la retraite mais il continue de faire valoir ses années de services notamment en menant des conférences auprès de la classe défense de Barral.
Cette réunion nous permis d’introduire, en beauté, une des thématiques de l’année « l’Afghanistan, une Opex du «8 » d’hier à aujourd’hui ». En Afghanistan et la hiérarchie de l’Armée. Le Général Aragones commença par évoquer trois exemples de différents parcours militaires pour souligner la valeur de l’engagement surtout quand on est très jeune, et parmi eux il rappela le combat de deux femmes particulièrement courageuses :
Geneviève De Galard, infirmière militaire surnommée « L’Ange de Dien Bien Phu » car elle fut un élément essentiel de cette bataille en Indochine en 1954. Agée alors de 29 ans, elle était convoyeuse de l’Air, c’est-à-dire qu’avec une trentaine d’autres infirmières volantes (bénévoles jusqu’en 1946), elle s’était investie pleinement au service de la France. Consciente de l’horreur vécue par les soldats assiégés par les troupes d’Hô-Chi-Minh dans la cuvette de Dieu Bien Phu, et des dangers encourus, elle écrivit alors « tous ces combattants méritent qu’on se dévoue pour eux. Dieu me protègera ». Dans ce théâtre de guerre qui, par l’ampleur du carnage, rappelait Verdun, elle travailla sans relâche au sauvetage des blessés. Au moment de la défaite elle décida de rester avec eux jusqu’à ce que, finalement, les troupes d’Ho-Chi-Minh la libérèrent. Nommée « Grand-croix de la Légion d’Honneur » en 2014, elle a toujours rejeté les honneurs inutiles pensant que son engagement, en ce temps de guerre, était normal.
Brigitte Friang, journaliste reporter s’engagea en tant que résistante à l’âge de 19 ans. Elle était alors chargée de l’organisation des parachutages dans la région Ouest. Arrêtée par la gestapo à l’âge de 21 ans, elle fut déportée à Ravensbrück, elle ressortit, après 2 ans en camp de concentration, avec 26kgs en moins, et devint attachée de presse aux cotés de André Malraux. Elle aussi participa à la bataille de Dieu Bien Phu, et souhaita partager jusqu’au bout le sort des soldats, mais elle fut évacuée par l’armée.
Ces deux exemples ont permis au Général de souligner que « la valeur n’attend pas le nombre des années » comme l’affirme Rodrigue dans le Cid. Ils ont aussi illustré l’importance de l’engagement pour une noble cause et pour son pays, ce que font chaque jour des milliers de soldats, quand ils choisissent ce métier, au service de la France et de sa population.
Ces portraits ont servi de trait
d’union avec la suite de la conférence qui avait pour but de décrire et
expliquer le fonctionnement de l’armée.
L’armée française est née sous
l’impulsion de Charles VII le 26 mai 1445 : en effet, par ordonnance, le
roi créé alors la première armée permanente à sa disposition. Notre armée a
donc cinq siècles !
On y distingue plusieurs armées,
formatées par leur milieu :
La Marine se bat la plupart du temps
auprès des côtes et sur les mers et océans. Les rencontres avec des forces
ennemies en plein océan sont un pur hasard souligne le Général. En effet, il
est rare que cet évènement se produise car l’océan est très vaste (71% de la
surface de la Terre).
L’Armée de l’Air se déploie dans la
troisième dimension : les airs. « Un pilote parlera de vol ! »
Ce type de combat permet dans ce milieu-là, d’avoir une vue d’ensemble et de
pouvoir traiter les objectifs efficacement. Le seul inconvénient est que l’air
est homogène. Aussi, les ennemis peuvent-ils très rapidement repérer les avions
de chasse, ces-derniers ayant du mal à se camoufler.
L’Armée de Terre est
différente : elle s’occupe de défendre le sol. Sa grande richesse : les hommes et les femmes qui la composent car
sans eux on ne fait rien ! L’Armée de terre est celle qui « paie
le prix du sang et qui défend le territoire » rappelle le Général.
C’est l’armée du commandement, c’est l’armée du nombre qui combat au contact de
l’ennemi. Mais elle coûte cher, notamment en salaires, car elle regroupe plus
de 123 000 personnes, dont 8000 civils de la défense.
L’armée de Terre a pour but de protéger le
territoire national, la population française ainsi que d’honorer les
engagements de la France à l’international, en combattant contre le terrorisme
par exemple. Elle est placée sous la responsabilité du gouvernement Français. Après
avoir rempli des missions de stabilisation et de gestion des crises entre les
parties en conflit ( Bosnie, Balkans), en particulier dans les années 90 elle
participe désormais à des engagements plus violents ( Afrique
sub-Saharienne, Mali, Syrie…) tout en conservant ses possibilités de
mettre en œuvre de capacités des reconstruction et d’aide aux populations.
L’armée de Terre est unearmée très hiérarchisée car il faut gérer le nombre.
Quels sont les trois niveaux de grade ?
Les militaires du rang :
Soldat (de première classe)
Caporal
Caporal-chef (il reste en service jusqu’à 27 ans
pour les meilleurs)
Les sous-officiers:
Sergent ( chef de groupe )
Sergent-chef (adjoint
dans une section de combat)
Adjudant (est chef de section
mais peut aussi servir au sein d’état-major essentiellement chargé du service
intérieur, de la logistique, des transmissions, de l’exécution des ordres.)
Adjudant-chef, il
porte un galon de couleur or ou argent (de la même couleur que le métal de son
arme) traversé en son milieu par un liseré rouge.
Le Major : Grade
très récent pour les sous-officiers il est créé en 1972, il porte un galon
composé des insignes d’adjudant-chef agrémenté d’un liseré d’or ou d’argent
selon son arme d’appartenance.
Les officiers :
Sous-lieutenant : ils
apparaissent dès 1669,les sous-lieutenants sont chargés des détails du
service et de l’instruction.
Lieutenant : devient
un grade vers 1540,il commande une section.
Capitaine : celui
qui commande une compagnie, un escadron ou une batterie (une centaine
d’hommes).
Commandant .
Lieutenant-colonel : chef
de service dans un régiment ou adjoint du colonel. Ille remplace lors
de ses absences.
Colonel : C’est
à partir de 1803 que le titre s’impose comme grade, il est désigné comme « le
père du régiment ».Le colonel porte cinq galons de la couleur de son
arme.
Le Général Aragonès a ensuite expliqué ce qu’était un régiment et une brigade. Les deux sont des unités militaires de l’Armée de Terre ; la seule différence étant leur taille et leur effectif. En exemple concret, le 8ème Rpima est un régiment et Toulouse en est sa brigade.
Il a utilisé l’exemple des « poupées
russes » pour décrire plus simplement l’organisation des troupes :
GROUPE
SECTION
COMPAGNIE
REGIMENT
BRIGADE
10 hommes
4O hommes
180 hommes
1200 hommes
8000 hommes
Chaque
compagnie possède son propre emblème (couleur ou animal totem).
Un groupede Combat est dirigée par un Sergent commandant 10 hommes et un véhicule. Elle peut être isolée et en autonomie complète pendant 24 heures. C’est la plus petite entité de manœuvre.
La Section de combat est dirigée par un lieutenant ou un adjudant commandant 40 hommes et 4 véhicules. Elle peut agir en autonomie pendant 48 heures. C’est l’unité usuelle de manœuvre.
La Compagnie de Combat est l’unité de manœuvre interarmes. 180 hommes répartis dans 4 sections et 25 véhicules sont sous l’autorité d’un Capitaine. Elle peut être en autonomie complète pendant 96 heures.
Enfin, le Régiment est une grande unité militaire commandée par un officier supérieur (Colonel ou Lieutenant-colonel). Il existe plusieurs catégories de régiments: l’infanterie, les régiments blindés, ceux du train, etc.. A Castres nous avons le 8e Régiment Parachutistes d’Infanterie de Marine : le 8e RPIMa, identifié par sa chimère. Il est formé de sept Compagnies de Combat de 1200 Hommes et 250 véhicules au total. Trois sections sont réservées pour le combat, une est consacrée à l’appui et une autre au commandement. Le Colonel contrôle tout cet ensemble, c’est le « Chef de Corps ». Son autonomie est aussi de 96 heures.
Comment
l’armée de Terre fonctionne-t-elle ?
Se préparer à la guerre :
Il existe trois grands centres de préparation
opérationnelle : CEITO (tirs), CENTAC (manœuvres), CENZUB (combat en zone
urbaine). Afin de se préparer à la guerre, il est nécessaire de « faire
ses gammes » en garnison (unicité du métier), de suivre un séjour dans un
camp de manœuvres (Caylus, La Courtine…) et de rassembler les effectifs
entraînés avec un lien très fort. Il faut, en effet, entraîner tous les
effectifs ensemble. Donc la préparation est commune et les efforts sont
collectifs. C’est une mise en condition avant projection (MCP) : le programme
est proposé par l’état-major et ensuite amélioré au fur et à mesure. Au total,
cette MPC dure de 8 à 12 semaines, axées spécifiquement sur la mission
En 2008, lorsque la mission Afghanistan a été
décidée, il faut bien réaliser que l’armée de terre n’avait pas connu d’action
aussi violente depuis la guerre d’Algérie, même si on avait en 1991 participé à
la Guerre du Golfe (mission Daguet). L’Afghanistan, c’était une mission
complexe : entre pacification et actions de combat. En 2008, le Général
Aragones, alors Colonel Chef de Corps du 8e RPIMa, a organisé la conception
de la préparation pour aller au combat.
Pour réfléchir à une mission, il faut se poser cinq questions :
quand :
saison,
combien
de temps ;
où :
la nature du terrain ; quel est le climat,
quel
est l’adversaire, avec qui le combat-on ? Alliés, renforts
et
enfin pour quoi faire ? C’est-à-dire l’objectif de la mission.
Tir niveau physique et combat sont les trois piliers essentiels d’une
bonne préparation.
Le combat implique de savoir se déplacer, savoir s’adapter à la
rusticité, pouvoir parler anglais car le commandement est international et
américain, savoir utiliser la radio américaine, savoir gérer ses munitions…
Il
faut également se tenir prêt à gérer des blessés éventuels : c’est-à-dire
connaître le secourisme de combat. « Le voisin est celui qui un vous sauve »
rajoute le Général et il faut pouvoir compter sur lui et il doit pouvoir
compter sur nous. Comme le Général l’a bien expliqué, les blessés graves ont
moins d’une heure pour rejoindre une table d’opération avant qu’ils ne meurent.
Un blessé de combat doit donc être pris en charge rapidement : entre 2 à 5
minutes. Parfois, un militaire peut être blessé psychologiquement. C’est-à-dire
qu’un accident mortel va se produire sous ses yeux et il va en être profondément
marqué à long terme. Il va être tellement atteint qu’il ne pourra plus assurer
ses fonctions. C’est ce que l’on appelle le stress post traumatique qui a été
ignoré pendant des années car on soignait surtout les corps et moins les
esprits. Certaines blessures sont terribles : il faut savoir que tout
blessé qui a une hémorragie massive mourra en une heure. Donc tout doit être
fait en une heure, c’est ce que les soldats appellent la « golden hour » .
Pour l’Afghanistan, chaque compagnie s’est organisée : coordination des feux, gestion des munitions, nécessité d’avoir beaucoup d’obus éclairants. Les équipements individuels ont aussi été bien préparés : musettes de combat avec trousses de secours et garrots tourniquet. Le coût par personne : 1700 euros et il fallait le prévoir pour un effectif de 750 personnes. C’était donc un véritable effort que l’armée de terre a consenti pour équiper correctement ses soldats
L’équipement est fourni par le gouvernement.
Nous pourrions croire que le matériel demandé n’est pas, dans certains cas,
indispensable. En effet, voir des lunettes de soleil apparaître sur la liste
d’équipements pourrait paraître excessif. Or, les lunettes sauvent les yeux des
soldats si, sur le terrain, un explosif tombe à quelques mètres d’eux. Lors
d’une mission, un militaire devrait les porter tout le temps.
Durant
les combats :
Durant les combats, l’armée de Terre se sert d’armes d’appuis (mitrailleuses par exemple), d’engins blindés comme les chars d’assaut et chars de dépannage. Elle utilise des uniformes de camouflage différents selon l’environnement (désert, forêts) ainsi que des casques de protection. Parmi ses armements, elle use aussi d’engins de ravitaillement (trains…) et mécaniques. En cas de blessés, elle a aussi mis en place un soutien interne à l’armée c’est à dire des médecins militaires et autres infirmiers. C’est le Service de Santé des Armées. Il existe aussi des services spécialisés : services des essences, et en cas de panne ou de dégradation du matériel, des réparateurs. Déploiement pour une mission : On déploie un groupement tactique (800 à 1000 personnes) avec un cœur de métier et on y rajoute des compétences complémentaires pour le combat. Mais il faut créer de la cohésion et apprendre à se connaître pour être vraiment efficace.
Sur
le terrain, en temps de guerre il y a toujours trois groupes d’armes,
chacune jouant un rôle bien particulier.
Face
à l’ennemi on utilise d’abord les armes de mêlée. On y trouve de
l’infanterie, la cavalerie, les hélicoptères.
Pour se battre on a aussi besoin d’appui. Les armes
d’appui sont : l’artillerie (canon ou
mortier) ; le génie (pour franchir les obstacles, qui déminent, font des
ponts…) ils aident à la mobilité ou la contre mobilité. Il y a aussi les
transmissions : ils raccordent les troupes au réseau de commandement.
Enfin les armes du soutien : le train
par exemple, créé par Napoléon, c’est le transport. Elles créent les bases où on
place le ravitaillement, tout le matériel à réparer, et les soins d’urgence
sont aussi concernés par cette unité. Elles vont s’occuper d’évacuer un blessé
grave en moins d’une heure par exemple ou encore gérer le déplacement des soldats
en trouvant les voies les plus efficaces à emprunter.
En
temps de paix, les régiments s’entraînent et se préparent
et surtout ils travaillent à leur cohésion, essentielle quand on doit se
battre. La préparation opérationnelle nécessite une formation aux chars, à
l’artillerie et à plusieurs autres thèmes divers, vus par périodes, dans une
année, en équipes. Cela permet l’entraînement, à l’entraide pour le groupe et
individuellement, chacun réussit à maîtriser les bases de plusieurs domaines
auxquels le groupe devra faire face. Ainsi le régiment de Castres va
s’entraîner régulièrement à combattre à pied, à sauter en parachute, à marcher
dans la montagne Noire, à tirer à l’arme en pleine forêt ou encore à conduire
sans lumières dans des camps militaires adaptés à ces entraînements.
En déploiement, on crée un « groupement tactique », qui réunit autour d’une dominante cavalerie ou infanterie les autres armes. Il apporte ainsi une synergie de complémentarité.
Un soldat doit suivre des règles de comportement spécifiques au pays et à la population de l’endroit où il agit. Les tirs doivent être effectués à bon escient et conformément aux règles de l’opération et au cadre légal. Si un militaire désobéit à ces règles, il risque la prison et la suspension
Le soldat doit également prouver sa
bienveillance et ses bonnes valeurs au contact des habitants. Il va devoir
passer du temps, manger et parler avec eux, les aider pour qu’à terme, les
relations soient plus fluides et qu’une confiance s’installe. Cela permettra un
meilleur contrôle sur les opérations et c’est essentiel en temps de guerre.
En conclusion, le général Aragones
nous a confié que, ce qu’il avait préféré dans ce métier, c’était de pouvoir
aider des populations en difficulté. Elles avaient peu de moyens, et pouvoir
les aider était le moteur équilibrant les sacrifices nécessaires quand on est
soldat. Être éloigné de sa famille pendant des temps de mission plus ou moins longs
est difficile, mais se sentir utile et contribuer à faire en sorte que la
planète soit meilleure de jour en jour, permet de mieux supporter ce sacrifice.
La grande différence entre le métier de soldat et un autre c’est que
pour les différents métiers on peut voir ce que l’on fait. Or le militaire ne
sait jamais s’il est assez préparé ! Chacun, à son niveau, gère des
petites responsabilités qui garantissent le bon fonctionnement de l’ensemble. Chacun
est responsable de la vie humaine.
La vie de soldat, c’est dur, et le quotidien est fait de sacrifices :
de son temps, de son repos, de sa famille. Mais aussi de fierté : celle de
donner pour une grande cause plus grande que nous et sans rien attendre en
retour.
Merci beaucoup au Général Aragones d’avoir pris du temps de nous partager sa passion, et de nous expliquer les méandres du fonctionnement de nos armées avec simplicité et clarté !
Synthèse réalisée par Camille NICOLA,
Marie FUMEY, Lilou LANZERE, Pâloma CAILLEUX, Thimotée FAURE, Jeanne-Marie
JAZE, Lorenzo FARINES, élèves de 2de CDSG de BARRAL.
Les commentaires sont fermés.